Quel professionnel pour votre projet ? Un Architecte, un Architecte d’Intérieur ou un Décorateur ?

Aujourd’hui, les rôles de l’architecte et du décorateur sont plutôt bien compris par la société. Tandis que la définition du rôle de l’architecte d’intérieur est encore assez floue pour le grand public. Pourtant, ces trois métiers aux fonctions bien distinctes répondent à des problématiques différentes. Selon ses besoins spécifiques, il est possible de faire appel à un de ces professionnels, ou bien à deux, voire aux trois en même temps. D’où l’intérêt de comprendre le champ d’action de chacun pour sélectionner la personne adéquate. Tour d’horizon de ces trois professionnels de l’espace.

L’Architecte

Au sommet de la pyramide des années d’études (et des responsabilités qui vont avec), on trouve l’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement). Ce titre était décerné jusqu’en 2007 en France, date à laquelle est apparu une nouvelle certification suite à une réforme de l’enseignement architectural : l’architecte DE (Diplôme d’État).

L'architecte au travail sur le chantier

L’architecte DPLG, également membre de l’Ordre des Architectes, peut se targuer d’un diplôme solide remis après 7 années d’études, suivi d’une mise à l’épreuve. Généralement, on associe l’architecte au bâtisseur, au constructeur. C’est un professionnel qui va imaginer et penser dans son ensemble un projet de grande envergure. Maisons mais aussi buildings, bâtiments administratifs, musées, salles de concert, etc… Son rôle est très technique et se concentre sur l’infrastructure d’un projet, sur son enveloppe extérieure. La fonction de l’architecte DPLG est celle d’un Ingénieur en Bâtiment. C’est pourquoi il est habilité à exercer une Maîtrise d’Oeuvre (MO) en son nom propre. Concrètement, un architecte DPLG peut construire toute ou une partie de votre habitation. Au-delà du seuil de création de 150m² de surface plancher, il est le seul à pouvoir prendre en charge un dépôt de permis de construire. Il endossera la responsabilité de l’ouvrage via son assurance professionnelle « décennale ».

Aujourd’hui, même si le titre DPLG n’est plus décerné, il est malgré tout possible d’atteindre ce niveau de responsabilités. La nouvelle génération d’architectes DE acquière leur diplôme après 5 années d’études dans une école reconnue par l’État. À la fin de ce cursus, les jeunes diplômés peuvent exercer au sein d’une agence ou monter leur propre entreprise, mais ils ne peuvent pas réaliser la MO. Pour cela, ils doivent valider en une année (ou en 3 ans, via un VAE) une licence d’exercice supplémentaire appelée HMONP (Habilitation à l’exercice de la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre). Ce diplôme garantit ainsi à l’architecte DE les mêmes rôles que l’architecte DPLG.

En France, le recours à un architecte DPLG ou DE-HMONP est obligatoire lorsqu’il y a création de surface plancher dépassant le seuil des 150m². En d’autres termes :

  • vous pouvez faire de l’auto-construction ou réaliser une extension sans l’aval de ce professionnel, si la surface plancher de la construction est en dessous de ce seuil des 150m². (Attention : je ne dis pas que vous pouvez vous lancer seul dans ce challenge. Je prône l’auto-construction en pleine conscience, nécessitant de solides connaissances en bâtiment et des assurances protectrices. L’accompagnement de professionnels de la construction, qui seront eux porteurs des assurances responsabilisantes adéquates, est toujours vivement recommandé pour certifier la conformité d’une infrastructure. Au besoin, il pourra être nécessaire de faire valider vos plans par un Bureau d’Études, et votre réalisation par un Bureau de Contrôle)
  • vous devez faire appel à ce professionnel pour toute construction neuve, ou pour tout changement de destination, ou encore pour toutes extensions d’un bâtiment existant qui dépasse ce seuil des 150m² de surface plancher après intervention.

Pour résumer, la surface plancher correspond à la surface totale des sols de tout types, de chaque niveau clos et couvert par un toit sur laquelle on peut « marcher ». Tandis que la surface habitable correspond à la surface dans laquelle on « vit » (espace chauffé, avec un minimum de hauteur sous plafond de 1,80m, espace non-enterré… Seront potentiellement exclus garage, cave, combles non-aménagées…), sur laquelle l’État se base pour calculer taxes et impôts.

De nos jours, certains architectes ne se consacrent qu’à la construction et l’infrastructure d’un projet. Ils peuvent se consacrer aussi bien au marché privé qu’au marché publique (pour le compte de l’État). D’autres vont plus loin en proposant de réfléchir à l’aménagement intérieur. Il n’est pas rare qu’architecte et architecte d’intérieur s’associent sur un projet de grande envergure, pour lui apporter de la valeur ajoutée. Particulièrement quand celui-ci demande une grande finesse dans les détails.

L’Architecte d’Intérieur

L'architecte d'intérieur en pleine réunion avec son client

On l’a vu émerger et se démocratiser il y a quelques décennies : l’architecte d’intérieur fait partie de ses métiers qui attirent, passionnent, et relayent l’engouement grandissant pour le design et l’habitat. Son rôle est à mi-chemin entre celui de l’architecte et celui du décorateur. Je vais m’attarder ici dans sa description, car c’est sur ce métier que je me positionne (et celui que je connais le mieux).

À ce jour, l’État n’impose pas un diplôme spécifique pour exercer en tant qu’architecte d’intérieur. C’est parfois ce qui pêche dans cette profession : le manque d’encadrement et de valorisation. En revanche, il existe de grandes écoles, pour la plupart privées dont leur renommée n’est plus à prouver, qui proposent un cursus en 5 ans. À la sortie de ces écoles, l’architecte d’intérieur est capacitaire au CFAI (Conseil Français des Architectes d’Intérieurs) qui fait figure de reconnaissance professionnelle dans le milieu. Après 3 ans d’activité, l’architecte d’intérieur peut demander une Reconnaissance de Compétence afin d’être certifié. Pour les personnes qui n’ont pas suivi le cursus classique ou qui ce sont reconverties (comme c’est mon cas), il est possible de faire valoir et reconnaître son expérience après 5 ans d’activité. Il n’y a pas d’obligation à être affilié au CFAI, contrairement à l’Ordre des Architectes qui imposent aux architectes leurs adhésions pour pouvoir exercer. Cependant, il est évident qu’être architecte d’intérieur CFAI est gage de qualité, d’expérience et de professionnalisme. Dans le choix de votre professionnel, être reconnu par le CFAI est un argument de poids. Cela peut aussi être un argument financier… N’oubliez pas que derrière chaque architecte d’intérieur se cache potentiellement un architecte d’intérieur CFAI en devenir. 😉 L’important est d’instaurer une connexion esthétique et une relation de confiance avec le professionnel que vous avez choisi.

L’architecte d’intérieur peut travailler en agence ou être indépendant. Il peut concevoir partiellement ou dans son ensemble, un projet visant à construire, aménager ou rénover l’espace intérieur, aussi bien pour du particulier (appartement, maison) que pour du professionnel (bureaux, boutique, restaurant, hôtel, environnement médical et éducatif, événementiel, scénographie, etc…).  L’objectif d’un architecte d’intérieur est de trouver des solutions adaptées aux usages, à l’échelle de la vie quotidienne.  Il peut dessiner du mobilier sur-mesure répondant exactement à vos exigences. Il joue avec les volumes, la lumière et les matériaux. Il sait déceler et révéler les atouts de votre bien, en lui apportant une vraie valeur ajoutée. Ses prestations sont variées et peuvent être choisies à la carte :

  • Rendez-vous de conseil ou d’expertise
  • Mission d’esquisse
  • Mission de conception de projet
  • Mission de suivi de chantier
  • Assistance à Maître d’Ouvrage
  • etc…

La plupart du temps, l’architecte d’intérieur est aussi maître d’oeuvre et coordinateur des travaux. Selon son parcours et son expérience, il pourra prendre la responsabilité d’un chantier (s’il ne l’est pas, cela peut être par choix ou par manque d’expérience dans le cas du démarrage de son activité. Il devra alors s’entourer d’entreprises en MO pour réaliser des travaux conséquents.). Il peut collaborer avec des Bureaux d’Études et des architectes DPLG ou DE-HMONP. Il ne peut en aucun cas modifier la structure porteuse d’un bâtiment, s’il ne dispose pas d’une assurance décennale. Celle-ci est obligatoire dès lors qu’il exerce et propose des modifications structurelles.  Le choix d’un architecte d’intérieur habilité en MO ou non, dépendra de l’importance de votre projet (simple agencement ou rénovation conséquente). L’architecte d’intérieur ne peut pas créer, concevoir et construire d’espace qui dépasse les 150m² de surface plancher. Même dans le cas d’une simple extension de 15m², si la surface plancher totale de l’habitation excède les 150m² après création, l’architecte d’intérieur ne pourra pas concevoir le projet. Il faudra obligatoirement faire appel à un confrère architecte. En revanche, il peut tout à fait intervenir sur n’importe quel type de surface existante, sans aucune limite de superficie. Pour toute construction nouvelle en dessous de ce seuil, l’architecte d’intérieur est autorisé à déposer un permis de construire. Il peut donc ce charger de construire votre (petite) maison dans son intégralité.

D’un autre côté , sa fonction peut aussi tendre vers la décoration d’intérieur où il se charge dans les moindres détails de votre espace de vie.  Il pourra vous accompagner en showroom pour vous aider à trouver le mobilier et les accessoires de décoration pour votre intérieur. Chaque professionnel est libre de fixer la limite de ses interventions.

Le Décorateur d’Intérieur

Dernier professionnel mais pas des moindres (comme le dit si bien Mies van der Rohe, « Dieu est dans les détails »), le décorateur a pour rôle d’agencer et d’harmoniser votre intérieur. Spécialiste de la couleur, des ambiances et des matériaux, il redonnera un coup de jeune et de l’éclat à votre intérieur en redéfinissant les espaces. Il peut vous accompagner en boutique pour vous aiguiller dans vos choix. Il peut également vous prescrire du mobilier, réaliser ces achats pour vous et se charger de la mise en place dans votre intérieur. Il peut ajouter à ses prestations du Coaching Déco (idées et conseils pour votre intérieur) et du Home Staging (mettre en valeur votre bien pour en faciliter le vente).

Le métier de décorateur ne nécessite pas de diplôme particulier et l’État n’encadre pas la profession. Il demande surtout d’avoir un sens aigu de l’esthétique et des détails, ainsi qu’une vision des espaces. Ce métier n’endosse aucune responsabilité, puisqu’un décorateur ne prescrit pas de modifications structurelles. Il peut néanmoins s’associer avec un architecte ou architecte d’intérieur pour intervenir à la fin d’un projet, lorsque son expertise est requise pour peaufiner les détails.

Choisir son décorateur n’est pas une mince affaire. Le manque de législation ne facilite pas la tâche, car vous pourriez rencontrer quelqu’un qui n’est pas à la hauteur de ses prétentions (mais cela vaut pour n’importe quel métier, y compris le mien). Comme pour tous professionnels, la recommandation et le bouche à oreille sont souvent synonymes de qualité et satisfaction. N’hésitez pas à demander un book ou des références pour découvrir leurs univers et voir comment ceux-ci travaillent.

Quelques conseils et bonnes pratiques

Vous l’aurez compris, le champ d’action de chacun est vaste et pas toujours facile à cerner. Outre les domaines légiférés, les professionnels fixent eux-mêmes leurs missions et les limites de leurs interventions. Quelque soit votre projet, je vous recommande toujours de rencontrer les professionnels que vous avez sélectionner. Il est très important que vous leurs expliquiez vos besoins et ce que vous attendez d’eux avec clarté et transparence. Plus vous serez précis dans vos exigences, plus le projet en sera enrichi.

N’hésitez pas à récupérer plusieurs devis afin de vous faire une idée. Dans votre réflexion, soyez lucide : n’allez pas forcément vers le professionnel le moins cher ! Il n’a peut-être pas l’assurance nécessaire pour votre projet, il ne vous proposera qu’une seule solution d’aménagement, ou bien il ne sera pas en mesure de vous accompagner pas à pas dans votre projet. Je vous recommanderais donc de ne pas accepter un devis sans savoir précisément ce qu’il englobe. Le contrat qui vous sera présenté devra reprendre point par point les détails de votre collaboration. Avant de le signer, n’hésitez surtout pas à en parler avec le professionnel choisi. Rappelez-vous que ce contrat est avant tout une proposition, et que vous êtes dans votre droit si vous souhaitez en renégocier les termes. La communication et la compréhension sont des requis essentiels à une collaboration harmonieuse. Une fois votre signature apposée, vous serez lié au professionnel et tout travail engagé devra être rémunéré.

Il est bien évident qu’outre le niveau d’études, l’expérience et les compétences d’un professionnel, la taille et la complexité de votre projet déterminent aussi le tarif des prestations. Chacun est libre de fixer ses tarifs. Sachez-le, il très difficile pour un professionnel de se positionner par rapport à ses concurrents ou au temps passé sur une mission. Comme pour n’importe quel métier exercé en indépendant, donner une valeur à son travail est très compliqué. Cela s’affine avec le temps et l’expérience. Cependant, n’oubliez pas que vous faites appel à une prestation de services par un professionnel qui s’occupera de votre projet pour vous, qu’il pourra endosser la gestion d’un chantier et qu’il défendra coûte que coûte vos intérêts. Et s’entourer d’une telle personne vous fera faire, pour sûr, des économies de temps, d’argent et de stress sur le long terme.

Pour conclure…

quel professionnel pour mon projet d'architecture

J’espère qu’à la lecture de cet article, vous aurez une vision d’ensemble beaucoup plus claire sur le rôle et la fonction de chacun. Désormais, vous devriez savoir vers quel professionnel vous tourner. Pour éviter toutes fausses routes, posez-vous les bonnes questions avant toute démarche : Quelle est la nature de mon projet ? De quelles compétences ai-je besoin ? Qu’est-ce que je cherche à gagner (du temps, un avis d’expert, du confort, du rangement, de la lumière…) ? Est-ce que je me lance dans une rénovation de grande envergure, ou est-ce qu’un simple changement de style est suffisant ? Quel est mon budget ? En tant qu’architecte d’intérieur sur Bordeaux, ce sont les premières questions que je pose à mes clients !


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Bien souvent dans mon quotidien, je rencontre des personnes qui ont du mal à situer mon métier. C’est pourquoi j’ai voulu mettre les choses à plat, de la manière la plus objective possible. Néanmoins, n’étant pas infaillible, j’espère avoir su vous informer de la façon la plus exhaustive qui soit, tout en valorisant le métier de chacun. Vous restez libre de faire appel au professionnel de votre choix, quel que soit votre projet. Cet article a pour vocation de montrer les savoir-faire et compétences de chaque métier et de révéler les synergies possibles entre eux. Bien que les frontières soient floues, je reste persuadée qu’une cohabitation de ces métiers est essentielle.

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