Initiation à la construction biosourcée à l’Eco-Centre du Périgord Limousin

Niché en pleine forêt, dans le Parc Naturel Régional du Périgord et Limousin, « l’Eco Péli » (pour les initiés) est à mi-chemin entre le musée de la construction écologique, et le laboratoire de recherches de solutions pour l’habitat. Cette association propose aux professionnels ainsi qu’au grand public, un accès aux ressources et aux savoir-faire. L’endroit se visite, s’investit même, et vous permet de découvrir des techniques de rénovation plus saines et respectueuses de l’environnement.

L’Eco Péli, un lieu de partage autour de la cause environnementale

Perspective extérieure de l'Eco-Centre du Périgord LimousinIl n’y a pas de meilleurs moyens pour assimiler un sujet, que de mettre le nez dedans. Très rapidement, j’ai souhaité me spécialiser dans la rénovation éco-responsable. La question de l’environnement me tient à coeur, et c’est ce qui m’anime le plus dans mon métier d’Architecte d’Intérieur. Après avoir suivi le MOOC très instructif sur le Biosourcé, ses matériaux et ses emplois, j’ai eu l’occasion de visiter l’Eco-Centre du Périgord Limousin dans ma région, où j’ai pu observer techniques et rendus auprès de professionnels du bâtiment.

L’association est créée en 2003, et le bâtiment qui lui est dédié et qui regroupe toutes les techniques de construction est autoconstruit en 2011. Ce bâtiment de 600m² évolue au gré des formations qui s’y déroulent et des nouvelles techniques qui voient le jour. Tous les thèmes autour de l’écoconstruction, de la permaculture et des énergies renouvelables y sont abordés, dans le but de démocratiser ces méthodes alternatives. L’association fait office de référence dans la région, en conseillant et accompagnant les particuliers et professionnels dans leurs démarches.

Maquette de l'Eco-Centre

Un modèle de bâtiment autosuffisant

En véritable site d’exposition, ce bâtiment regorge de techniques de construction variées, et surtout de bon sens. À commencer par son orientation. C’est la base de tout projet judicieux : comment implanter sa maison pour profiter un maximum du soleil l’hiver et s’en protéger l’été ? Malgré la chaleur étouffante de cette journée de visite, dès que l’on entre dans le lieu, on sent toute la fraîcheur des 20°C à l’intérieur, et ce, sans aucune climatisation (of course). La toiture végétale y est aussi pour beaucoup, puisqu’un aménagement de ce type permet de gagner environ 15% de fraîcheur supplémentaire.

Détails de la structure et charpente bois

Sachez qu’une toiture végétale rend seulement 30% d’eau, et conserve donc les 70% restants. Au même titre que la transpiration, le bâtiment puise dans ses réserves d’eau et dégage donc beaucoup moins de chaleur qu’un bâtiment classique. Il reste ainsi plus au frais.

Sur ce toit, on retrouve aussi des panneaux solaires, orientés plein sud, qui permettent au bâtiment de s’alimenter de lui-même en électricité. Avec trois grosses cuves qui permettent de récupérer jusqu’à 10.000 litres d’eau de pluie, on a là un superbe exemple de bâtiment autosuffisant. Un bâtiment qui pourrait presque revendre les énergies qu’il ne consomme pas.

Concernant l’éclairage, il est le plus possible naturel. Mais au vu de la taille du bâtiment, amener la lumière au cœur de l’édifice n’est pas chose facile. Une tranchée centrale a donc été percée dans le toit sur plusieurs mètres. Mais le soleil à son zénith doit être étouffant, me direz-vous. Et bien non, car c’est là que les avancées techniques du XXIème siècle nous surprennent. Coincé entre deux plaques de plastique, un gel (que l’on ne trouve pour le moment qu’en Allemagne) permet de capter et renvoyer la chaleur. Aucun degré supplémentaire constaté à l’intérieur.

La tranchée qui apporte de la lumière au coeur du bâtiment Des perspectives lumineuses

La conception réfléchie et somme toute « logique » de ce bâtiment, qui en fait un formidable édifice intégré à son environnement, fait écho à l’architecture bangladaise que j’ai pu découvrir au Centre d’Architecture Arc-En-Rêve, de Bordeaux.

Des solutions issues du biomimétisme

Les matériaux naturels ont depuis bien longtemps fait leurs preuves en matière d’isolation, d’inertie et de perspirance.

Le chauffage central à bois, unique source de chaleur en hiverPetit lexique destiné aux novices :

  • Par l’isolation, on se protège par l’intérieur ou l’extérieur d’un élément perturbateur (chaleur, froid, bruit) pour en atténuer ou annuler les effets.
  • Par la perspirance, on permet à la vapeur d’eau de passer à travers un matériau, et ainsi d’éviter l’apparition d’eau stagnante sur les murs ou les moisissures.
  • Enfin, le phénomène d’inertie thermique est la capacité d’un matériau à emmagasiner de la chaleur et à la restituer petit à petit. Plus le matériau est lourd et épais (type béton, pierre, brique..), plus la chaleur mettra du temps à parvenir à l’intérieur du bâtiment en été. Cette chaleur sera distribuée la nuit à l’extérieur, garantissant un confort d’été optimal.

À l’Eco-Centre, vous appréhenderez toutes les techniques de construction et d’isolation, en usant de matériaux naturels : chaux-chanvre, chaux-sable, paille, terre, gypse-cellulose, ouate, laine, etc… pour la plupart des matériaux recyclés, et/ou disponibles en réseaux court et local. Par exemple, toute la charpente et les structures bois du bâtiment sont réalisées en pin douglas et peuplier de la région.

Démonstration de construction en paille  Revêtement mural terre-paille

En finir avec les idées reçues sur la construction « bio »

En une heure de temps, j’ai appris énormément de choses ! Si le sujet vous intéresse ou si vous avez un projet d’autoconstruction, je ne peux que vous recommander cette visite. Je retiendrai entre autre :

Structure de la paille porteuse

  • qu’avec un isolant naturel de type laine de mouton ou ouate de cellulose, on observe un déphasage de 13 à 14h. C’est-à-dire qu’il faudra 13-14h à la chaleur pour traverser le matériau. Soit l’équivalent d’une journée… donc aucun risque de surchauffe en été.
  • que l’on peut construire entièrement sa maison en paille porteuse. Les bottes de paille sont tellement compressées qu’il n’existe pas de risque de feu ou d’humidité (à condition que le matériau soit extrêmement bien protégé de l’humidité lors de la phase de construction). Aucun risque de rongeurs non plus, car la paille utilisée ne constitue pas une nourriture saine pour ceux-ci, qui vont s’en détourner.
  • qu’un vieux mur en pierres massives peut absorber et condenser 10% de son poids en eau. C’est-à-dire qu’un mur de 100m² peut contenir jusqu’à 1 tonne d’eau !
  • Fait plus surprenant encore, des toilettes sèches peuvent s’avérer pratique et agréable à utiliser sans aucunes odeurs. Pour cela, un sas de décompression est installé en-dessous des toilettes, remplis de terre et de lombrics qui « font le boulot » (pour reprendre l’expression de notre guide). Pas de copeaux de bois, on est sur un recyclage 100% bio et naturel.

En période estivale, l’Eco-Centre organise des visites guidées libre de participation, pour faire découvrir l’étendu de ses savoir-faire. Tout au long de l’année, des stages d’initiation et de perfectionnement sont mis en place, pour maîtriser des points précis de la construction. Rendez-vous sur le site internet pour plus d’informations ou pour réserver votre visite.

Un grand merci à l’équipe pour l’accueil, et la passion partagée lors de ma visite.

Eco-Centre du Périgord Limousin

Froidefon – 24450 St Pierre de Frugie

contact@ecocentre.org

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